Point Transat #3 – TRANSAT > Les Açores

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Bonjour à tous!

Le Club Des 5 est arrivé pour sa première escale en Atlantique Nord à Horta, Portugal, port de l’île de Faial situé dans l’archipel des Açores.
Nous sommes partis lundi 16 mai à 18 heures environ de la Marina du Marin en Martinique. Après avoir parcouru 2667 miles nautiques, soit 4949 km, en 21j et 14h, nous voici arrivés à bon port.

16/05/2022 18h00.
Nous partons de La Martinique, par le Sud. Apres avoir passé la Pointe Dunkerque et Les Salines au portant (vent arrière) nous tirons trois bords successifs Nord-Est, Sud-Est, pour franchir le phare de l’ilet Cabrits, et nous éloigner à plus de 6nm de la côte au vent (côté de l’île qui reçoit le vent), à l’est de la Martinique.
Cette côte est aussi appelée côte Atlantique, car elle baigne dans l’Océan Atlantique, côte très découpée, avec peu de plages, à l’opposé de la côte sous le vent, côte Ouest, qui baigne dans la Mer des Caraïbes.
Nous longeons ainsi pendant plus de 25nm La Martinique, au près serré (allure au plus près du vent, à 45 ° du vent) en nous éloignant, (surtout des engins de pêche qui pourraient se prendre dans les safrans et l’hélice,) vers le Nord-Est. Cela nous a permis de continuer à dialoguer avec nos proches avant d’être définitivement hors de portée de ce qui nous relie à la terre.
Plus de réseau GSM, on va se recentrer sur nous, voir ce monde qui nous entoure autrement, et vivre à 5 une expérience hors du commun. Bref, nous plonger la tête dans le grand bain. Pour certain c’est leur première transatlantique, il faut un peu de temps pour prendre ses marques. Mais le Club des 5, solidaire, tous unis, à l’écoute et dans la bienveillance de l’autre à vécu une aventure extraordinaire.
C’est ce que nous allons vous conter jour après jour avec quelques anecdotes…

Journal de bord de BELOBATEAU

16/05/2022

C’est parti ! C’est David TEXIER qui est à la barre. 

Ensuite une autre personne, qui ne mange jamais, ne bois jamais, qui ne dort jamais, infatigable et obéissante, qui fait beaucoup de travail, va prendre le relais. Cette personne s’appelle Ti Tom, nommée ainsi, comme le fils de Xavier et Nathalie (Tom, Mayreau), c’est  le pilote automatique. Il assure en permanence le maintient de la barre au cap, et dirige le bateau 24h sur 24, qu’importe la force et la direction du vent. Sans ce pilote automatique nous serions en permanence à la barre. Il barre mieux que n’importe qui ! Génial, non ?

Première nuit à bord, pas très facile, repas dans le noir, appréhension de ce nouvel environnement, qui bouge tout le temps et qu’il va falloir s’adapter au bruit de la houle, en vagues bien formées, qui tapent fort sur la coque et par dessous le carré, entre les deux coques, à en sentir la table du carré, pourtant bien fixée au sol, à se lever.

Nous nous organisons pour les quarts de nuit, de 22h00 à 6h00, soit 2h chacun, très confortable pour bien récupérer !

Pour éviter d’être malade David (DJ) s’est posé un patch derrière l’oreille.  Pendant les 3 premiers jours il va dormir en se levant pour manger, et encore, avec peu d’appétit, et prendre son quart de nuit.

Cette première nuit de pleine lune nous éclaire la mer de son réverbère naturel. Nous avançons en contemplant les étoiles, et la Grande Ours nous indique l’étoile polaire qui nous guide vers le Nord.

17/05/2022 Le jour se lève et le soleil nous tire, les uns après les autres, d’un sommeil très léger,  à cause de l’état de la mer. Une houle croisée avec des creux très violents qui fait enfourner l’étrave (pointe avant des coques du bateau) en frappant très fort. Des paquets de mer passent par dessus le pont et viennent inonder le cockpit ! Il en sera ainsi toute la journée.

18h00 fin de la première journée et 152nm réalisés à 6,3kts de moyenne, pas mal pour une première. La nuit suivante nous débutons les quarts à 20h au lieu de 22h, ce qui permet de se coucher plus tôt,  à chacun de prendre 30mn de plus, soit 2h30. La deuxième nuit sera identique à la première,  difficile de récupérer.
18/05/2022. Ça fait deux jours que l’on essaye de pêcher, uniquement de jour, mais les sargasses, algues  flottantes qui viennent du Brésil s’agglutinent sur l’hameçon de notre ligne de pêche.

Finalement on renonce de continuer ainsi et on attendra que l’on soit plus au Nord pour de nouvelles tentatives.  Au deuxième jour de navigation nous réalisons 302nm depuis le départ soit 150nm parcourus en 24h toujours à la vitesse de 6,3kts. La houle se calme, et le baromètre annonce 1019 Hpa de pression, ce qui signifie grand beau temps et que l’on va se rapprocher de la bulle anticyclonique. Il va falloir consulter les fichiers météo si on veut s’en écarter, mais conserver notre route. Compliqué tout ça !  

Cette nuit à été super calme, plus de houle de face, on se croyait sur un lac. La mer ainsi apaisée nous à bercé au point de dormir comme des bébés (comme David (DJ) depuis le début !)

19/05/2022

Les sargasses s’amoindrissent à la surface de l’Océan.  Au lever du jour, c’est là que le poisson mord le mieux à l’hameçon,  on a remis deux lignes de pêche à l’eau, histoire de ramener un peu de nourriture fraîche à bord. Mais quelques milles plus loin on renonce à nouveau.

Ce matin c’est très calme, on peut se faire un bon petit déjeuner et boire café ou rooibos. Le vent qui a beaucoup faibli fait tomber notre moyenne horaire et nous engrangeons moins de mille au compteur.  Il y a un soleil radieux, le baromètre annonce 1021Hpa, donc grand beau temps. Chacun en profite pour sortir le couchage de sa cabine et l’exposer au soleil, pour faire la lessive et prendre une bonne douche à la jupe arrière de Bélobateau.

Puis il va falloir, en pleine navigation, monter au mât pour remettre en place la drisse de la Trinquette, qui était tombée sur le pont. C’est une petite voile que l’on hisse à l’avant de la Grand Voile pour donner un peu plus de vitesse au bateau, dans le petit temps ou qui se substitue au génois, pour réduire la voilure dans le gros temps.

On prépare tous ensemble le matériel nécessaire à cette délicate manœuvre, mais c’est le capitaine, Xavier,  qui se porte volontaire pour monter au mât.

L’opération est une véritable réussite.  Quelques instants plus tard, Xavier redescendu du mât,  la Trinquette est hissée en complément du Génois pour donner un peu plus de vitesse au bateau, car le vent nous fait défaut.

18h, 114nm au compteur, petite journée de navigation. Soit un peu plus de 416nm depuis notre départ.  On s’octroie un petit apéro avant de déguster le succulent repas préparé par David (DJ). Le midi Xavier nous avait cuisiné un très bon Chili aux haricots rouges.  Qu’est ce que l’on mange bien sur le bateau !

20/05/2022

Encore une belle journée qui commence. Mais très calme, le vent faibli  de plus en plus, nous remontons toujours Nord vers la latitude des Bermudes. Il va falloir trouver la bonne route à travers l’anticyclone qui se présente devant nous. Au niveau du parallèle  25° Nord, cette zone de convergence, des vents, allant vers l’Est, et vers l’Ouest provoquent une zone sans vent. Même si embarquons un téléphone satellitaire et un ordinateur pour télécharger les fichiers météo et garder le contact avec la terre en cas de besoin uniquement, nous n’avons pas accès à Internet comme on le voudrait.

À terre des personnes nous guident pour nous indiquer notre route, la meilleure possible pour avoir le vent favorable et faire avancer le bateau Ce sont nos routeurs. Ils consultent la météo globale et nous font part de leur observation, nous envoient chaque jour un message court sur le téléphone satellitaire ou nous exposent la météo globale de l’Océan Atlantique, par mail, que l’on reçoit sur l’ordinateur. Ces deux modes permettent, en cas de panne de l’ordinateur, de pouvoir toujours recevoir un message quotidien sur le téléphone satellitaire. Chacun nous guide et nous indique la bonne route. Tous les deux jours nous téléchargeons le fichier de vent d’une zone de 200nm de côté, qui nous indique dans une zone restreinte le vent immédiat que l’on est censé rencontrer.  Grâce à  toutes ces observations, et l’état de la mer,  nous  choisissons la route à prendre. Tout ca est un peu complexe, mais on fini toujours par avancer à la voile.

18h, 104nm au compteur, petite journée de navigation, 10nm de moins que la veille. Soit 520nm depuis notre départ.  On fait avec ! Mais on avance

21/05/2022 on a passé une journée mémorable! Chacun de nous s’en souviendra.

Il y avait très peu de vent, Bélo en a profité pour nous jeter à l’eau dans le grand bain :

Le bateau avançait à 2kts.On a gonflé deux bouées couronnes que l’on a attaché à un très long bout, auquel on a fait des nœuds, sur lequel on a ajouté des pare battages, pour faire flotter le bout. Ce bout on l’a attaché à l’arrière du bateau. Puis de la pointe avant tribord du flotteur, on sautait dans l’eau, on se laissait dériver en suivant la coque, jusqu’à l’arrière du bateau ou l’on attrapait le bout, et l’on pouvait s’assoir dans les bouées couronnes et se faire tirer par le bateau !!! Pas mal, hein ??

Ensuite, comme il y avait très peu de vent, on a mis en place 3 voiles sur l’avant: Le génois, facile puisqu’il était déjà à poste, La trinquette, voile de petit temps sur un étai, Le Genecker, genre de Code D.

Avec tout ça on avance quand même à 4kts, donc on a doublé notre vitesse ! Puis on a rentré le Génois pour ne garder que les deux autres voiles d’avant.

On a pu faire ainsi plein de sauts dans l’eau pendant une heure.

Bélo a mis l’annexe à l’eau a démarré le moteur, Bélobateau toujours en déplacement, il a fait plusieurs fois le tour du bateau pour prendre des photos de son bateau avec les voiles sorties.

On a pêché notre premier poisson, un petit sarde. Ce sera le seul et unique de toute notre traversée.  On l’a vidé, coupé la tête, ouvert en deux, puis mis dans au sel à sécher, pendu sur un bout tenu par la queue, dans les filières.

En remontant plein Nord, on a franchi, à 24,7° Nord, la latitude du Tropique du Cancer. On a donc avancé notre montre d’une heure: on est maintenant à UTC-3, comme aux Bermudes,  au lieu d’UTC-4 comme aux Antilles, donc H-5 avec la métropole.

On a pu observer pour la première fois un superbe couché de soleil « dans l’eau » qui a précédé une nuit étoilée comme jamais on en a eu depuis le début de la traversée, c’était WHAOU !!! On a pu contempler Vénus, cette magnifique Planète, brillante et très basse.

Le matin face à l’océan, le jour apparaissait, effaçant la nuit et ce magnifique tapis étoilé.

Voilà cette journée mémorable et comment nous l’avons vécue.

18h, 85nm parcourus en 23h soit 616nm en 5 jours

22/05/2022

Ce matin, tout est calme, on est dans un vent plus faible qui nous précède depuis deux jours.

Bélobateau poursuit sa route Nord en fléchissant un peu plus vers l’Ouest. On consulte le courrier quotidien de nos routeurs qui font un remarquable travail pour nous faire avancer vers la meilleure trajectoire. Vers 11h, de gros nuages noirs nous font apercevoir un grain, on va droit dessus. Puis le vent adonne (c’est à dire qu’il est favorable pour nous faire gagner en cap) et nous passons au ras de l’averse nuageuse.  Le vent adonne tellement qu’il nous fait obliquer Nord-Nord-Est. C’est le bon moment pour virer de bord et aller vers l’Est. Il est 12h, on est au Nord du 25ème parallèle, en 25.3° Nord et 59.14° Ouest.

Génial on attendait cet instant depuis la veille ! Et nous réalisons ainsi une belle « Aile de Mouette » (comme on dit dans le jargon marin).  Un peu plus loin, on a trouvé du vent plus Nord qui nous dirige maintenant vers l’Est, avec un cap à 85°. On devrait pouvoir trouver un vent plus Nord Ouest qui nous fera adonner vers le Nord Est le moment venu.

18h 100nm parcourus, soit 716nm en 6 jours. Plus que 1,700nm à parcourir pour arriver à  Horta. En attendant on avance à 4kts, on j’espère que dans une dizaine de jours on sera près des côtes des Açores.

23/05/2022

Le vent nous accompagne depuis la nuit dernière, il monte même à plus de 20kts. Nous profitons de cette opportunité pour avancer plus vite que la veille, avec parfois le Genecker quand le vent est plus faible pour gagner un peu de vitesse, ou le Génois quand le vent forcit.

On ne pèche toujours rien, ce n’est pas faute de s’employer.  On change de leurre, en mettant un leurre flottant, et là,  surprise il a quelque chose qui mord. Un Puffin, genre de canard, à voulu manger le leurre qui est planté dans son bec. Délicatement on le remonte à bord, Bélo l’attrape par les ailes, il prend au passage quelques coups de becs, lui enlève l’hameçon planté, avant de le relâcher. Pendant qu’on le remontait un autre Puffin sert posé sur lui pour essayer de le noyer pour récupéré le « poisson » qu’il avait dans son bec !

Après il a fallut s’employer pour une opération délicate, remettre en place le « Bout Dehors », espèce de bras métallique qui tient le point d’Amure (angle de la voile le plus bas et avant) du Genecker. Ce ne fut pas chose facile car le bout qui tenait le Bout Dehors était détaché.  Belo à réalisé cette réparation avec brio, on a pu remettre en place le Genecker sans arrêter le bateau et avant la tombée du jour.

18h 124nm parcourus, soit 840nm en 7 jours.

La nuit arrive et la lune qui décroît se lève de plus en plus tard. On avance dans l’obscurité, le vent tombe, plus un souffle d’air, nous sommes contraints de poursuivre notre route au moteur pour sortir de cette bulle sans vent.

24/05/2022

La navigation se passe toujours très bien, Bélobateau nous offre un réel confort de vie à bord, ainsi qu’une très bonne stabilité sur ses deux coques.

Quelques fois le vent fait défaut mais avec l’aide du routage quotidien on arrive à se frayer une route entre l’anticyclone à l’Est de Bermudes et la dépression l’Ouest des Acores, ce qui  crée une zone de convergence et de non vent entre les deux.

Englué dans cette bulle, cette journée a été encore marquée par l’utilisation du moteur pour avancer.

18h distance parcourue 106nm soit 946nm en 8 jours.

25/05/2022

Cette nuit on a franchi la barre des 1.000 miles nautiques depuis le départ de la Martinique.  Il nous en reste plus de 1.400nm avant d’accoster à Horta sur l’île de FAIAL aux Açores.

Ce matin atelier mécanique, par nos deux experts Dav (David TEXIER) et Ju (Julien) pour réparer le stop moteur, appelé étouffoir, du moteur tribord qui a cassé.

Bélo à, quant à lui, changé l’Impaler,  l’hélice de la pompe à eau de mer du moteur bâbord. Le moteur est refroidi par eau de mer et l »hélice de la pompe étant cassée, le refroidissement ne se faisait plus et  le moteur pouvait casser.

On a encore attrapé un Puffin dans nos lignes de pêche,  c’est incroyable ces oiseaux,  ça fait des centaines de miles qu’ils nous suivent  alors que nous sommes au milieu de l’Océan. Au petit jour ils apparaissent derrière le bateau dans notre sillage,  où ont-ils dormi et passé la nuit ?  On voudrait bien s’en débarrasser car ils font fuir le poisson à plonger au niveau de nos lignes de pêche.

18h, distance parcourue 109nm soit 1.055nm en 9 jours.

La nuit est couleur encre, le ciel chargé de nuages, pas une étoile et la lune qui va se lever de plus en plus tard nous plonge dans la pénombre la plus totale, ça va être ainsi les nuits suivantes aussi.

Le vent est bien capricieux et tombe dans la soirée vers 21h, à moins de 5kts, on affale les voiles et on repart au moteur, toujours vers le Nord Est, jusqu’au petit jour.

26/05/2022, Jeudi de l’Ascension  

Un jour férié,  pour nous, une journée comme les autres. Nous recevons beaucoup de messages SMS  sur notre téléphone satellitaire,  ce qui permet de nous rappeler que nous sommes reliés à la terre, à nos proches qui nous soutiennent dans cet isolement à des miles de toute civilisation.

On se rapproche un peu plus vers l’est de l’Europe. On avance encore nos montres d’une heure.  On est maintenant en UTC-2, soit 4h de moins qu’en métropole.  Le crépuscule tardera,  et l’aube naitra plus tôt demain.

En fin de journée, le vent est tombé,  on affale les voiles qui faseillent. On démarre le moteur tribord pour avancer. On en profite pour aller à l’avant du bateau, où l’on observe le magnifique  coucher du soleil. En revenant vers l’arrière, on aperçoit flotter une énorme masse verte,  un filet de pêche s’est pris dans le safran bâbord ! Imaginez qu’il se soit pris dans le safran tribord, les dégâts que cela aurait pu causer,  alors que l’hélice tournait à plein régime pour propulser le bateau. En stoppant le bateau, le filet s’est dégagé par lui-même du safran. L’hameçon de la ligne de pêche s’est pris dans le filet pour le maintenir. On a pu remonter le filet à bord et sans dommage reprendre notre route.

On progresse toujours, sans étoile et sans lune, encore rythmée par le bruit du moteur, pour  continuer notre route vers le Nord.

18h distance parcourue 100nm en 23h, soit 1.155nm en 10 jours.

27/05/2022

On est sur le bord Sud de l’anticyclone, le vent est faible, 9kts environ, Est-Sud-Est. Plus de choix, ça nous oblige à  remonter vers le Nord pour aller chercher du vent plus fort, autour de 15kts, jusqu’à rencontrer un vent qui nous ferait basculer vers l’Est en route directe vers Horta aux Açores.

En deux heures la mer change, et une houle très forte, croisée, heurte le bateau de partout. L’étrave enfourne â chaque vague. Des vents de 27 nœuds nous obligent à réduire la surface de voile, un ris dans la Grand Voile, la moitié du Génois à la place du Genecker, et la trinquette. C’est les montagnes russes, la houle élève des creux de trois mètres et parfois plus. C’est la baston ! Ça va durer plusieurs heures. Le bateau avance à plus de 8kts avec des pointes à 10kts. C’est très inconfortable. Vers 23h le vent faiblit entre 17 et 20kts, la houle est toujours forte, mais supportable. Le ciel se dégage laissant place aux étoiles.

18h00, distance parcourue 126nm soit 1.281nm en 11 jours.

28/05/2022

La journée se poursuit avec la mer toujours aussi forte et la houle croisée très haute. À la surface de l’eau on aperçoit des choses inhabituelles. Bélo  croit voir comme des énormes glaçons,  en fait ce sont des méduses qui parsèment notre route. Elles possèdent comme une petite voile de bateau qui les porte dans le vent.

Vers midi le vent baisse, ça devient plus confortable, il va falloir faire une petite réparation. Ces dernières 24 heures le Bout-Dehors du Genecker a subi le  vent violent. Un bout qui le retenait dans son axe s’est détaché. On va a procéder en toute sécurité car il y a encore de bonnes vagues et l’étrave plonge à chaque vague dans la Mer bouillonnante. Bélo et Philou s’équipent de gilets et d’une longe pour s’attacher. Bélo à plat ventre sur la Pointe avant tribord, retenu par les pieds par Philou, allonge ses bras pour saisir la Manille, qui plonge dans l’eau à chaque vague, son buste dans le vide et là tête arrosée en permanence. Il réussit à passer le bout à travers la manille. Il se relève,  opération réussie. Il ne reste plus qu’a faire des bons nœuds pour rattacher solidement le Bout-Dehors et le maintenir dans axe du bateau.

Aujourd’hui c’est la grande  finale européenne de rugby, pas le moyen de voir le match. La Rochelle affronte la redoutable équipe des Irlandais du Leinster,  quatre fois championne d’Europe. La tâche n’est pas aisée,  mais les jaune et noir vont battre, au terme d’un combat héroïque, sur le score de 24 a 21, les quadruple champion d’Europe, s’offrir cette coupe et accrocher une première étoile sur le maillot du Stade Rochelais. L’an dernier ils avaient perdu dans cette même finale contre Toulouse. Cette année ils ont vaincu. Super match d’après les experts. Merci pour cette information qui nous arrive de nos contacts à terre.

18h distance parcourue 160nm, meilleur score depuis le départ, soit 1.441nm en 12 jours. Encore plus de 1.100nm à parcourir.

29/05/2022 Fête des Mamans

Après le gros temps que l’on a rencontré place au grand calme de l’anticyclone. Ce matin un peu de matelotage, opération qui consiste à travailler les cordes, améliore leur état, faire du surfilage, des épissures, etc. Tout le monde s’y met.

Puis le soleil, bien chaud, et la faible allure  du bateau, à peine deux nœuds, attire certains à plonger dans la Grande bleue. Sécurisé avec un bout, au cas où. Pendant ce temps confection de crêpes au caramel beurre salé et galettes complètes,  avec œuf miroir insiste David, pour le repas du soir.

Comme nous sommes dans la pétole, nous poursuivons notre route au moteur, direction Est pour éviter la grosse dépression qui arrive des Terre-Neuve vers les Acores. On doit continuer ainsi jusqu’à mercredi soir.

Ce dimanche nous avons aperçu, il est vrai d’assez loin un spectacle marin digne de ce nom. David aperçoit quelque chose qui saute dans l’eau, au loin. Il nous appelle. Tout le monde sur le pont. On a pu grâce à des oiseaux les survolant, observer des Dauphins,  en groupes successifs,  chasser des bancs de poissons, sauter et faire des cabrioles en retombant de toute leur délicatesse. Quel spectacle !

18h distance parcourue 94nm en 24h soit 1535nm en 13 jours

30/05/2022

Depuis hier 16h, que nous sommes au cœur de l’anticyclone, sans vent, nous somme confrontés à utiliser le moteur en permanence.  Belobateau possédant deux moteurs, on alterne le fonctionnement , tantôt tribord, tantôt bâbord. C’est très bruyant pour ceux qui logent dans les deux cabines arrière. Mais c’est ainsi. Il est  certain que l’on préfère naviguer dans le silence des voiles.

Il en sera ainsi toute la journée jusqu’au milieu de la nuit ou l’on rencontre un peu de vent. On en profite pour hisser la Grand Voile et déployer le Genecker.  Le bruit s’arrête, le calme retrouvé nous permet d’avoir un sommeil apaisé.

18h distance parcourue 110nm soit 1645nm en 14 jours.

31/05/2022

Nous sommes au lever du jour entrain de déjeuner lorsqu’on aperçoit au loin, pour la première fois depuis notre départ de Martinique un voilier, qui semble plus long que nous, sous Genecker seul, et qui croise notre route. Il est a peine 200 mètres de nous quand Belo prend contact radio avec cet IMOCA, voilier de compétition, de 60 pieds, qui répond au vocable de Yellow Jack. Ils sont 6 français à bord, partis le même jour que nous de Martinique, via un stop en Guadeloupe. Comme quoi on n’est aussi rapide que ce bateau monocoque de 18,23m de course au large ! Il vont à Horta, font une route plus Nord que la notre, on se retrouvera là bas.  Ensuite on apercevra deux autres voiliers mais de très loin. Nous décidons de modifier un peu notre route et profiter du vent Sud Ouest pour faire route directe vers Horta aux Açores en allure portants, les voiles en ciseaux. Nous garderons cette allure toute la journée et la nuit prochaine, on est à 850nm du but.

18h distance parcourue 100nm en 24h soit 1745nm

Du 01 au 03/06/2022

La nuit de mardi a mercredi à été calme, poussés par le courant et la houle dans notre tableau arrière, à la moyenne de 6,5kts. Ça fait longtemps que cela ne nous était arrivé.

Nos routeurs nous indiquent de faire une route plus Sud-Est pour éviter les forts vents prévu de mercredi à vendredi. Pour cela nous devons modifier la configuration des voiles. Basculer le Genecker de tribord à bâbord, hisser la Grand Voile et enrouler le Génois. On attend que le jour soit lève pour faire cette manœuvre.

Le vent est monté rapidement autour des 20kts, nous obligeant à modifier la configuration des voiles. On affale le Genecker que l’on remplace par la Trinquette (petite voile), on prend un ris dans la Grand Voile (opération qui consiste à abaisser la voile de quelques mètres) pour avoir moins de toile et que le vent ne force pas sur le gréement. Puis on déroule un bout de Génois de quelques tours. Le vent venant de Sud Ouest, nous prenons un cap Est-Sud-Est pour passer en dessous du 34eme parallèle pour éviter les vents trop violents. Des rafales de 34kts et une très forte houle de plusieurs mètres, de Sud-Ouest, tape fort sur la coque et envoie des paquets de mer qui arrivent dans le cockpit. On est dans la baston. Cela va durer au moins jusqu’à vendredi.

À bord la vie à changé,  on vit maintenant à uniquement à l’intérieur du bateau, ne sortant qu’avec un de brassière, pour aller sur le pont, de jour comme de nuit.   Les sorties sur les pont se font  à deux, en se déplaçant à croupi, et uniquement pour les manœuvres de voiles. Les autres membres de l’équipage sont là pour intervenir si l’un de nous venait à tomber à la mer.

Chacun occupe son temps comme il peut, lecture, écriture, chacun dans sa cabine, on se retrouve dans le carré pour discuter, faire les points météo avec les informations reçues par nos routeurs et le fichier de vent téléchargé, et aussi pour les repas. L’atmosphère est très humide et froid, le soleil perce à peine les nuages. L’épaisse couche nuageuse nous masque la voûte céleste. La lune montante on ne perçoit que son bout de croissant quelques heures avant qu’elle ne disparaisse.

Puis le 3 juin au matin on voit un anticyclone arriver, le ciel se dégage,  si on ne veut pas rentrer dans une molle il va falloir changer de cap. Après avoir fait 3 jours d’est avec une forte houle croisée, nous mettons cap au Nord-est pour prendre une route directe pour Horta.

La houle, au lieu de frapper les bordées de Bélobateau, nous propulse par l’arrière avec l’aide du courant. Le vent de Sud-Sud-Ouest souffle à 15 nœuds, nous avançons à 7 nœuds emporté par ce tapis roulant qui devrait nous accompagner jusqu’aux Açores. Sur notre route nous avons été dépassé par deux gros cargos qui allaient dans la même direction que nous. Ils se sont déroutés pour nous éviter, c’est la règle de navigation en mer !

18h00 Distance parcourue du 01 au 03 juin 162nm, 157nm et 155nm soit 2.219nm en 18 jours.
Du 04 au 06/06/2022
La fin de la première étape se précise, moins de 500nm jusqu’à toucher terre. Il va falloir bien regarder la météo de nos routeurs et nos fichiers GRIB, car nous sommes au bord Sud de l’anticyclone et nous avons au Nord une forte dépression qui descend vers la Açorers. Entre les zones de bon vent et les molles nous progressons à petite vitesse et l’utilisation du moteur est plus que nécessaire. Cela fait beaucoup de bruit et de vibrations, surtout la nuit et perturbe notre sommeil. Alors la fatigue s’accumule, quelques fois la nuit les manœuvres de voiles sont plus compliquées et difficiles, avec l’obscurité totale de ce ciel très couvert et sans lune. Le capitaine est aux abois au moindre changement de vent, alors que se succèdent les équipiers aux quarts de nuit. Mais tout se passe à merveille. A quelques jours de l’arrivé le pilote automatique semble ne plus fonctionner correctement. Lorsque l’on le stoppe, il ne débraye pas, et nous empêcher de barrer à la main. Cela va être compliqué pour entrer dans le port de Horta. Mais heureusement, nos équipiers mécaniciens vont encore faire des prouesses pour remédier au problème.
Les miles sont avalés calmement et les jours se succèdent les uns aux autres. Moins de 200nm. Avant notre dernière journée de navigation des Dauphins viennent nous escorter pendant quelques minutes dans une multitude d’ondulations au niveau de l’étrave de Bélobateau. Tout le monde sur le pont, quel spectacle merveilleux ! La récompense de ces miles parcourus.
Lundi soir, après trois semaines de navigation, il reste 64nm à parcourir, la tension monte à bord. Les derniers quarts de nuit, avant un repos bien mérité, commencent. Puis d’un seul coup, un bruit étrange au niveau du pilote automatique. Il ne fonctionne plus du tout. On va être obligé de barrer à la main. Le ciel est couvert; sans lune ni étoile. Le ciel se confond avec la mer, noir. Aucun repaire. C’est très compliqué pour quelqu’un qui n’a jamais barré. Il faudra être indulgent avec chacun. Mais barrer pour la première fois, de nuit, sans repère, n’est pas la meilleure des choses. Nous sommes au portant, en plein vent arrière, ce qui rend la tâche encore plus difficile. On ne peut de fier qu’à l’afficheur de la girouette/anémomètre pour garder le cap. Toutes les 30 à 40 minutes le Capitaine vient reprendre la barre pendant quelques minutes pour que chacun des équipiers puisse se détendre. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée à Horta.
Le jour se lève, on sort de l’obscurité, on a maintenant des repères pour pouvoir maintenir le cap dans la bonne direction. A quelque miles de Horta nos téléphones commencent à se connecter à l’opérateur local. Nous recevons du réseau. On va pouvoir communiquer avec nos proches. Proche est la terre.
Terre, terre, terre !!!
C’est David Jamin qui aperçoit dans la brume l’immense rocher de l’ile de Faial, Ponta de Castelo Branco, à une dizaine de miles. Toute l’ile est dans la brume nuageuse épaisse. On ne peut voir le paysage exceptionnel ce ce merveilleux endroit, on espère une éclaircie, qui n’arrivera pas…

David Jamin est à la barre, quand nous arrivons au port de Horta, l’entrée dans le lieu de mouillage est bien négociée. Il faudra faire plusieurs fois le tour de la baie pour faire notre atterrissage, on s’y reprend en deux fois, tellement il y a de bateaux. Pendant que l’on atterrissait il y a un bateau Anglais qui a pris avec son ancre l’ancre d’un bateau Français ! Ah! Ces Anglais !!!
Puis nous décidons de débarquer à terre afin de s’offrir un bon repas de viande rouge autour d’une bonne bière chez Peter, lieu incontournable de la Marina.

Nous longeons le quai ou sont accostés de nombreux bateau. Tout à coup on entend une musique française, Richard Anhtonny chante « Qu’est ce qui m’arrive aujourd’hui je suis amoureux de ma femme… » Et là, on voit sortir d’une tente deux superbes femmes en short, teeshirt et chapeau de paille, qui chantent avec une banderole « BELO BATEAU ». Ce sont Marie, la femme de David Texier et Marine la femme de Julien qui ont fait la surprise de les accueillir à Horta ! Joie ! Bonheur ! Amour ! Tout y est !
Après avoir pris contact avec la capitainerie et les opérations de douane et d’immigration nous passerons toute la journée et une partie de la nuit à festoyer, visiter, raconter, aimer et partager. Nous rencontrons une multitude de marins, d’équipages qui ont fait la traversée. Chacun avec son histoire, sa route, son vent, et son bateau. Au restaurant chez Peter, nous dialoguons  l’équipage de Yellow Jack, bateau croisé une semaine avant notre arrivée.

Nous mettons à votre disposition sur Youtube un montage photo vidéo, pour vous faire partager, après les récits, les images de cette première étape.
Cliquez ICI pour en voir le contenu.

Quand je contemple l’Océan, si grand, j’ai l’impression d’être si petit dans cet Univers,  celui qui nous entoure.
La voûte du ciel au dessus, en suspension,  l’immensité maritime au dessous et autour de moi, entrain de naviguer entre ces deux mondes, l’un Céleste,  l’autre Marin. Ce sentiment Océanique je le ressens à chaque traversée… Mais aussi  après plusieurs semaines en mer à naviguer sur la Grande Bleue au milieu de cette Nature, qui alimente en oxygène notre Planète , quand  je débarque sur la terre ferme , j ai l’impression de  rencontrer un nouveau monde. Un monde peuplé des gens qui ne s’intéressent qu’à leur confort de vie, la leur, sans porter vraiment attention à la Nature et l’Univers qui les entourent.
À cette nature, si belle à vivre, à découvrir, à aimer ce qu’il en reste aujourd’hui, avant qu’elle se transforme pour survivre aux transformations imposées par l’Homme, qui croit en son bonheur à travers le narcissisme et le consumérisme.  L’homme qui connaît les prix des choses en oubliant la valeur de ce qui nous entoure. L’Homme qui, par son égoïsme et à cause de ses lobbies, refuse de changer son mode de vie, au risque de détruire irrémédiablement cette Nature, cet Univers, et par là,  nous mêmes ! Sommes nous devenus fous ou inconscients ? 
Qu’allons nous donner en héritage aux générations futures ?
À chacun d’entre nous d’en prendre conscience !

N’hésitez pas à nous laisser des messages en consultant la page Contact, à dire à vos proches qu’ils peuvent nous suivre.
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Combien serez vous à notre arrivée ?

Nous pouvons, et nous en avons le devoir, d’apporter toute notre attention à cette Nature, pour chaque être vivant, chaque espèce de la faune et de la flore terrestre ou maritime , qui la compose.
Nous pouvons, en petits colibris qui essayent d’éteindre cet incendie, faire le bon geste, au quotidien pour enfin prendre conscience du désastre écologique dans lequel nous sommes entrés et aider â sauver notre Planète, pour que les générations futures puissent jouir de cette Nature, de cet Univers, dont nous faisons parti, nous qui ne sommes que des poussières d’étoile…
L’IMMENSITE EST ELLE INFINIE ?


Le prochain article sera lorsque nous partirons de Horta, pour ralier la côte Sud du Portugal .
D’ici là on vous souhaite plein de bonnes choses et à très vite!

Signé : Le « Club Des 5 » en escale à Horta, on vous embrasse TOUS …

Pour voir les images sur la traversée de l’Atlantique cliquez ICI

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2 réflexions sur « Point Transat #3 – TRANSAT > Les Açores »

  1. Un grand bravo à tout l’équipage du Belo Bateau pour cette belle aventure.
    Chouette de lire votre journal de bord, ca nous donne un aperçu de cette belle épopée.
    Un big up spécial pour Belo, bravo mon ami, nous sommes heureux de vous savoir à bond port et que Belo Bateau a réussi avec brio cette traversée. Bon retour sur Terre à vous tous

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  2. Qui applaudir en premier ? Le narrateur qui nous conte à merveille cette traversée et nous fait vivre ce voyage ? L’équipage qui doit composer avec Dame Nature pour mener Belobateau à bon port avec des navigations difficiles mais aussi de bons moments de détente et de magnifiques spectacles ? BRAVO à tous ! Merci de nous faire partager cette traversée. Merci pour les photos, de magnifiques couchers de soleil et de très jolies vues de Belobateau au milieu de la grande bleue (très joli bleu !).
    Le récit est toujours très agréable à lire, même pour les inexpérimentés comme moi.
    Bon repos bien mérité avant de reprendre la mer pour la seconde partie de votre périple.
    Bisous Phiphi et le club des 5.

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